Flyer @ IMA
11e Journées de l'Histoire de l'IMA - Héroïnes et héros du monde arabe (avec la participation de membres de l'IREMAM)
14 - 16 mars 2025, IMA, Paris.
- Samedi 15 mars, 11h30 - Rencontre avec Emmanuel Blanchard et Didier Guignard
Présentation d'ouvrages retenus dans la sélection du Grand Prix du livre d'Histoire de l'institut du monde arabe :
- Des colonisés ingouvernables, Emmanuel Blanchard, Les Presses de Sciences Po, 2024.
- 1871. L’Algérie sous séquestre. Une coupe dans le corps social (XIXe-XXe siècle), Didier Guignard, CNRS éditions, 2023.
Modération : Tramor Quemeneur, historien, secrétaire général de la Commission mixte d’historiens (partie française).
- Samedi 15 mars, 12h00 - Voix dissidentes au Yémen - Carte blanche au CNRS et à l’IREMAM
Avec : Laurent Bonnefoy, chercheur au CNRS, CERI Sciences Po (Paris). Juliette Honvault, chargée de recherche, CNRS, IREMAM, AMU. Ali Zaid, écrivain, ancien haut-fonctionnaire de la délégation du Yémen à l’UNESCO. Modération : Jean-François Breton, directeur honoraire de recherche au CNRS, Archéologies et Sciences de l'Antiquité (ArScAn), équipe L'Orient d’Alexandre à Muhammad (OrAM).
Le processus de modernisation politique au Yémen a été entamé relativement tardivement. Ce n’est qu’au milieu du XXe siècle que s’ancre un projet politique de transformation de la société et de l’État. Celui-ci s’incarne autour de figures variées qui cherchent à transcender les lignes de fracture existantes : Abdullah al-Baraduni (1929-1999) sur le plan littéraire, à travers la poésie et la préservation des cultures populaires, incarne dès les années 1960 une nouvelle identité yéménite ; Ahmed Nu‘man (1909-1996), œuvre pour imaginer la République et façonner une nouvelle génération, éduquée et ouverte sur le monde ; ou encore, plus tard, al-Batina, super-héroïne d’un comics koweïtien né au début du XXIe siècle – dotée de super-pouvoirs, elle incarne l’essence du Yémen, caché mais éternel…
- Samedi 15 mars, 14h00 - Abd el-Kader, héros des deux rives
Avec : Karima Berger, romancière et essayiste, autrice de Abd el-Kader. L'arabe des Lumières (Albin Michel, 2025). Ahmed Bouyerdene, chercheur associé à l’IREMAM. Muriel Roiland, ingénieure de recherche à la section arabe de l’Institut de recherche et d’histoire des textes au CNRS. Modération : Tramor Quemeneur, historien, secrétaire général de la Commission mixte d’historiens (partie française).
Héros de la résistance algérienne, le jeune émir Abd el-Kader a lutté pendant 15 ans contre la colonisation française. Il marque alors les esprits de ses hommes aussi bien que des militaires français. Il noue, durant sa captivité en France, des relations avec les habitants d’Amboise aussi bien qu’avec des hommes de religion, des journalistes et des politiques. C’est à Damas, où il vit jusqu’à la fin de sa vie, qu’il sauve de la mort des milliers de chrétiens et qu’il reçoit les honneurs de bien des pays du monde occidental. En quoi Abd el-Kader peut-il être qualifié de « héros des deux rives » ? En quoi était-il aussi un homme de son temps, avec sa complexité et ses lignes de faille ?
- Samedi 15 mars, 16h00 - Une littérature arabe contemporaine sans héros ?
Avec : Karim Kattan, poète et romancier franco-palestinien. Noémi Linardi, doctorante à l'Université Paris Sorbonne. Richard Jacquemond, professeur de langue et littérature arabes modernes, UFR ALLSH, AMU et IREMAM. Modération : Carole Boidin, maître de conférences en littérature comparée à l’Université de Paris Nanterre.
En arabe, le héros (batal) est un individu hors normes, excessif, depuis les poètes de la Jâhiliyya jusqu’aux personnages hauts en couleur de la « geste » traditionnelle (sîra), souvent désignée du nom du héros principal et en prise avec l’histoire collective et sa glorification. Admirables ou pathétiques dans leurs exploits, ils semblent avoir disparu des œuvres littéraires contemporaines, plutôt peuplées d’anti-héros ou de figures en crise.
Doit-on considérer que l’ère des héros s’est achevée ? La littérature ne fait-elle que ressasser la fin de l’héroïsme, ou explorer par des anti-héros les points aveugles de nos admirations et de nos accablements, face à une Histoire irreprésentable ?
- Samedi 15 mars, 18h30 - Arwa Saleh, une héroïne égyptienne tragique. Conférence de Richard Jacquemond
Par Richard Jacquemond, professeur de langue et littérature arabes modernes, UFR ALLSH, AMU et IREMAM.
Arwa Saleh, militante au sein du Parti communiste ouvrier égyptien, fondé dans le sillage de la guerre israélo-arabe de 1967, était aussi une des figures du mouvement étudiant égyptien du début des années 1970. Elle a raconté son parcours et son expérience militante dans un livre traduit par l’IMA en 2024 (coédition avec l’Atelier, collection « Pensées arabes contemporaines »). Entre mémoires et testament politique féroce, elle offre un regard lucide sur la responsabilité des intellectuels dans l’échec du projet de libération nationale. Arwa Saleh, qui a fini par se suicider, est devenue une héroïne tragique de l'Egypte républicaine. Héroïne revendiquée par les révolutionnaires de la place Tahrir en 2011, elle demeure une référence non seulement pour plusieurs générations de militants de gauche, mais surtout pour tous ceux qui s’interrogent sur les conditions du changement politique dans les régimes autoritaires postcoloniaux. Cette conférence propose un portrait contrasté d’Arwa Saleh et une plongée dans l'histoire politique égyptienne des années 1960 et 1970.
- Dimanche 16 mars, 12h00 - Histoire(s) de Baybars : les avatars du prince panthère
Avec : Mohamed Ouerfelli, maître de Conférences AMU, IREMAM. Marie Favereau, maîtresse de Conférences à l’Université Paris-Nanterre, actuellement directrice de l’Institut français d'études sur l'Asie centrale. Iyas Hassan, professeur de littérature arabe prémoderne à Sorbonne Université, directeur du Département des Études Arabes, Médiévales et Modernes de l’IFPO. Modération : Elodie Vigouroux, professeur junior (CIHAM), Université Lumière Lyon 2.
Vainqueur des Mongols et bête noire des croisés, Baybars fut le véritable fondateur du sultanat mamelouk et régna sur l’Égypte et la Syrie de 1260 à 1277. Si nous connaissons son parcours par le biais des biographes contemporains, son ascension fulgurante et son rôle militaire et politique en tant que défenseur du Dār al-Islām ont aussi marqué la mémoire populaire, au point de le faire renaître en héros de fiction. Au fil du temps, le Roman de Baybars est devenu une œuvre épique, empreinte d’aventure et d’humour, contée au XIXe et XXe siècles dans les cafés de Damas, avant d’être éditée et même traduite en français. Cette table ronde aborde la destinée exceptionnelle de Baybars et vise à faire dialoguer historiens et spécialistes de littérature autour de la figure du sultan.
- Dimanche 16 mars, 14h00 - Projection du documentaire "Le ciel pleura 40 jours" de Sabrina Mervin (2022)
La projection sera suivie d'une rencontre avec Sabrina Mervin, historienne, directrice de recherche au CNRS rattachée à l'IREMAM.
"Le ciel pleura quarante jours" (63mn, 2022) est une immersion dans le pèlerinage de l’islam chiite qui attire une fois par an des millions de fidèles à Karbala, en Irak. Leur voyage, à pied, dure au moins trois jours. Ils rejoignent le sanctuaire de l’Imam Hossein, petit-fils du prophète Mohammad, qui trouva le martyre en 680. Sur la route, des figurines et des représentations rejouent l’épopée de l’imam comme si elle s’était déroulée hier et des processions commémorent le retour de la tête de l’imam vers son corps. Les performances se succèdent alors que les habitants se mettent au service des pèlerins pour leur offrir le nécessaire. La caméra se fond dans la foule, les chants, les pleurs et les cris, le rythme et la gestuelle des frappes sur les torses. Elle se mêle à une procession jusqu’à l’apex de la ferveur religieuse, dans le sanctuaire du « Prince des martyrs ».
- Dimanche 16 mars, 16h00 - La figure du martyr dans le chiisme contemporain
Avec : Thibaud Laval, docteur en histoire à l’EHESS et chercheur associé à l'IREMAM. Sophia Mahroug, doctorante en histoire à Sorbonne Université. Tristan Hillion-Launey, doctorant en histoire à l’EHESS. Modération : Sabrina Mervin, historienne, directrice de recherche au CNRS rattachée à l'IREMAM.
Cette table-ronde vise à présenter la construction de la figure du martyr et son usage politique et mémoriel à partir de trois cas de figure différents : l’Irak, le Liban et l’Iran. En Irak, il s’agit de discuter du développement des rituels et pèlerinages fondés sur le souvenir de la bataille de Karbala et du martyr de Husayn, le petit-fils du Prophète, ainsi que la récupération politique de cette mémoire par des organisations politiques contemporaines. Au Liban, il s’agit de retracer l’émergence et les usages de la figure du martyr dans les deux mouvements politiques chiites Amal et Hezbollah, de Mûsâ al-Sadr (1978) à Hassan Nasrallah (2024). Enfin, en Iran, le regard se concentre sur l’organisation des Gardiens de la révolution et sur la place qu’occupe la figure du martyr dans son développement depuis 1979 jusqu’à nos jours dans les médias contemporains.