Photographie du drapeau de la révolution syrienne oubliée en avril 2025 @ AlJumhuriya.net
AAC - Séminaire - Conflictualité, coopération et (re)composition de l’État dans l’espace méditerranéen et moyen-oriental contemporain
APPEL À COMMUNICATION - Séminaire - Conflictualité, coopération et (re)composition de l’État dans l’espace méditerranéen et moyen-oriental contemporain
Le séminaire s’inscrit dans la continuité du séminaire « Expériences de la violence et conflits contemporains », organisé par des doctorant.e.s du MESOPOLHIS en 2024-2025. Il reprend et développe certaines de ses thématiques, questionnements et résultats, avec l’accord de ses fondateur.ices.
Comité d’organisation du séminaire
Alessandro CECCHINI, doctorant en histoire contemporaine au MESOPOLHIS
Emilien DEBAERE, doctorant en science politique au MESOPOLHIS
Hélène FRANC, doctorante en histoire contemporaine au MESOPOLHIS
Jules GRANGE GASTINEL, doctorant en science politique à l’IREMAM et au CEDEJ
Argumentaire scientifique
Ce séminaire interdisciplinaire s’intéresse aux périodes d’escalade de la conflictualité en Méditerranée et au Moyen-Orient à l’époque contemporaine. Il se propose d’étudier les phases de décomposition de l’État et les différentes formes de concurrence par et pour l’État.
La guerre civile libanaise (1975 - 1990) constitue un exemple du morcellement de l’État entre divers acteurs partisans et internationaux. Elle a été précédée par une phase de montée en tensions politiques et sociales et la déstructuration progressive de l’État libanais par une multitude d’acteurs, dont certains étaient pourtant pleinement intégrés au sein des institutions étatiques. Cette phase a érodé l’apparente unité de l’État pour mener à une conflictualité directe et violente entre acteurs privés et publics, nationaux et internationaux (France, 2019 et Corm, 2012).
Il s’inscrit dans une histoire politique des fragilisations et des recompositions au sein de l’État, marquée par des tensions sociales, des conflits et un délitement de l'autorité centrale. Il se positionne dans la sociologie des guerres civiles (Baczko et Dorronsoro, 2017) et questionne la fabrique paradoxale de l’État (Grajales et Le Cour Grandmaison, 2019) dans un contexte de conflit ou de concurrence entre les acteurs, tant pour son incarnation que sa domination (Arjona, Kasfir, et Mampilly, 2015). Il propose également d’étudier la privatisation des États (Hibou, 1999) et les mécanismes de compétition et de coopération entre acteurs publics, privés et partisans pour le contrôle du pouvoir. L’incarnation de l’État par celui qui le “mime” (Popineau, 2023) et reprend certaines de ses prérogatives sera au cœur de notre questionnement.
Ce séminaire analyse les mécanismes de conflits, concurrences et coopération, qu’ils soient inter-étatiques, trans-étatiques ou intra-étatiques, entre divers acteurs, de quelque nature qu’ils soient. L’espace méditerranéen nous semble à ce titre pertinent à étudier, particulièrement au XXème siècle.
En effet, la Méditerranée comme espace géographique et objet d’étude et de concept illustre parfaitement cette dynamique d’enchevêtrement des conflictualités et des coopérations, à des échelles allant du régional à l’international (Westad, 2017). On pourrait ici penser à une période spécifique du conflit israélo-arabe (1967-1973) qui, bien qu’étant matériellement circonscrit au Moyen-Orient, répond également à des logiques de guerre froide et de lutte Est/Ouest (Ashton, 2007). Ainsi, dans l’espace méditerranéen de guerre froide, le terme « conflictualité » revient sans cesse dans le discours des décideurs politiques et des diplomates. Pourtant, tout est mis en œuvre pour contenir cette conflictualité latente entre le bloc occidental et le bloc soviétique, entre pays du Nord et du Sud (Badalassi, 2021), entre ethnies locales et classes sociales, afin d’éviter toute déflagration. Ainsi, dans les imaginaires de la coopération et de la paix sont fortement investis (Calandri et al. 2016), voire surreprésentés dans les discussions et déclarations des États riverains, notamment lors des années 1970, période marquée par des tensions croissantes et un basculement stratégique.
Il s’agira donc d’analyser comment se conjuguent coopération et conflictualité, logiques de blocs et logiques étatiques dans l’espace méditerranéen, et comment les violences sont absorbées, digérées, puis redirigées ou utilisées par les États-nations, les institutions internationales ou des structures paraétatiques.
Nous souhaitons adopter une grille d’analyse résolument multidisciplinaire afin d’élargir notre approche à un espace aussi vaste que complexe, et à un objet d’étude fondamentalement protéiforme. Dans ce cadre, toute proposition de communication directement ou indirectement liée aux thématiques du séminaire est la bienvenue, dans toute discipline des sciences sociales.
Organisation
Avec ce séminaire, nous souhaitons proposer un rendez-vous mensuel aux jeunes chercheur.euses en sciences humaines et sociales, travaillant sur les thématiques mentionnées ci-dessus.
Les séances, prévues entre janvier et juin, dureront 2h. Chaque séance accueillera deux interventions d’une durée de 20 à 25 minutes chacune. Un.e discutant.e sera également invité.e à chaque séance, afin de proposer des retours et lancer la discussion, qui sera ensuite ouverte à l’audience.
Les séances se dérouleront en format hybride : en présentiel à Aix-en-Provence dans les locaux du Mesopolhis ou de l’Iremam et sur Zoom. Le séminaire aura lieu en français et en anglais, en fonction de la langue des propositions retenues.
Soumettre une proposition de communication
Profil : jeunes chercheur.euses (doctorant.e.s, post-doctorant.e.s, etc.) en sciences humaines et sociales.
Procédure de proposition des contributions : les propositions (en français ou en anglais) devront faire environ 1 page (+/- 500 mots) et sont à envoyer à l’adresse suivante : semdoc.mesopolhis[at]gmail.com. Elles devront être accompagnées d’une brève bibliographie, ainsi que d’une courte notice biographique.
Calendrier prévisionnel
Lancement de l’appel à communication → 09 octobre 2025
Clôture de l’appel à communication → 28 novembre 2025
Réponse des organisateur.ices → 12 décembre 2025
Séances → De janvier à juin 2026
Bibliographie indicative
ARJONA Ana, KASFIR Nelson, et MAMPILLY Zachariah (dir.), Rebel Governance in Civil War, Cambridge, Cambridge University Press, 2015.
ASHTON Nigel J. (dir.), The Cold War in the Middle East: regional conflict and the superpowers, 1967-73, Londres/New York, Routledge, 2007.
BADALASSI Nicolas, La France, la guerre froide et la Méditerranée : Des accords d’Évian à la Perestroïka, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2024.
BACZKO Adam, DORRONSORO Gilles, « Pour une approche sociologique des guerres civiles », Revue française de science politique, vol. 67, n° 2, 2017, p. 309-327.
CALANDRI Elena, CAVIGLIA Daniele et VARSORI Antonio, Détente in Cold War Europe: Politics and Diplomacy in the Mediterranean and the Middle East, London, I.B. Tauris, 2016.
FRANCE Pierre, « 8. Des ors de la République et de la main invisible des milices. La banque centrale libanaise pendant la guerre civile », dans GRAJALES Jacobo, LE COURS GRANDMAISON Romain (dir.), L’État malgré tout. Produire l’autorité dans la violence, Paris, Karthala, 2019.
GRAJALES Jacobo, LE COURS GRANDMAISON Romain (dir.), L’État malgré tout. Produire l’autorité dans la violence, Paris, Karthala, 2019.
HIBOU Béatrice (dir.), La privatisation des États, Paris, Karthala, 1999.
POPINEAU Camille, Faire la guerre, faire l’État. Sociohistoire de la rébellion des forces nouvelles de Côte d'Ivoire (1990-2020), thèse de science politique sous la direction de Gilles Dorronsoro et Richard Banégas, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2023.
WESTAD Odd Arne, The Cold War: a world history, New York, Basic Books, 2017.
CALL FOR PAPERS - Seminar: Conflictuality, cooperation and the (re)structuring of the State in the contemporary Mediterranean and Middle-East
This seminar continues the work of the “Experiences of Violence and Contemporary Conflicts” seminar, organized by MESOPOLHIS doctoral students in 2024–2025. It builds upon and develops some of its themes, questions, and findings, with the agreement of its founders.
Seminar Organizing Committee
Alessandro CECCHINI, PhD candidate in Contemporary History, MESOPOLHIS
Emilien DEBAERE, PhD candidate in Political Science, MESOPOLHIS
Hélène FRANC, PhD candidate in Contemporary History, MESOPOLHIS
Jules GRANGE GASTINEL, PhD candidate in Political Science, IREMAM and CEDEJ
This multidisciplinary seminar aims to study the periods of escalation of conflictuality in the Mediterranean and in the Middle East in the contemporary period, the various stages of a State’s breakdown as well as the different forms of competition by the State and over the State.
The Lebanese Civil War (1975-1990) is a good example of the fragmentation of the State between various partisan and international actors. It was preceded by both a period of political and social tension escalation and by the gradual destructuration of the Lebanese State by a multitude of actors, some of whom were fully integrated into state institutions. This phase eroded the seeming unity of the State and led to a direct and violent conflictuality between public and private, national and international actors (France, 2019 & Corm, 2012).
This seminar is part of a political history of the weakening and restructuring of the State, marked by social tensions, conflicts and a breakdown of central authority. It is also part of the sociology of civil wars (Baczko & Dorronsoro, 2017) and questions the paradoxical making of the State (Grajales & Le Cour Grandmaison, 2019) in a context of conflict or competition between actors, whether it is for its embodiment or its domination (Arjona, Kasfir & Mampilly, 2015). The seminar also aims to study the privatization of States (Hibbou, 1999) and the mechanisms of competition and cooperation between public, private and partisan actors regarding the control of power. The embodiment of the State by the one who “mimics” it (Popineau, 2023) and takes on some of its prerogatives will be a focal point in our questioning and reflection.
This seminar focuses on the mechanisms of conflict, competition, and cooperation (whether inter-state, trans-state, or intra-state) between various actors, regardless of their nature. The Mediterranean area appears particularly relevant for such a study, especially during the 20th century. Indeed, the Mediterranean as both a geographical space and an object of study and conceptual analysis perfectly illustrates the entangled dynamics of conflict and cooperation at scales ranging from the regional to the international (Westad, 2017). For example, one might consider a specific period of the Arab-Israeli conflict (1967–1973), which, although geographically confined to the Middle East, also reflects Cold War logics and East-West competition (Ashton, 2007). In the Mediterranean area during the cold war, the notion of “conflictuality” frequently recurred in the discourse of policymakers and diplomats. Yet every effort was made to contain this latent conflict between the Western and Soviet blocs, between Northern and Southern countries (Badalassi, 2021), and among local ethnic groups and social classes, in order to prevent any large-scale outbreak. In this context, the imaginaries of cooperation and peace were heavily invested in (Calandri et al., 2016), sometimes even overrepresented in the discussions and declarations of the rival states, particularly during the 1970s, a period marked by growing tensions and a strategic shift.
It will therefore aim to analyze how cooperation and conflictuality, bloc dynamics and state logics intersect and cohabit within the mediterranean area. And this seminar will also analyze how forms of violence are absorbed, internalized, and subsequently redirected or instrumentalized by nation-states, international institutions, or para-state structures.
We choose to adopt a multidisciplinary analytical framework in order to broaden our approach to a vast and complex space, and to an object of study that is fundamentally multifaceted. In this context, any paper proposal directly or indirectly related to the seminar’s themes is welcome, from all fields within the social sciences.
Organisation
With this seminar, we wish to create a monthly meeting for the early-careers researchers in humanities and social sciences, working on the topics mentioned above.
The sessions will take place between January and June 2026. Each session will last 2 hours and host two presentations, lasting between 20 and 25 minutes each. A third person will also be invited for each session in order to launch and lead the discussion, which will then be open to the audience.
The sessions will be held in a hybrid format : both in Aix-en-Provence, at the Mesopolhis or Iremam facilities, and on Zoom. The seminar will be both in English and French, depending on the language of the selected papers.
Submission of a Communication Proposal
Profile: Early-career researchers (PhD candidates, postdoctoral researchers, etc.) in the humanities and social sciences.
Submission procedure: Proposals, written in French or English, should be approximately one page long (±500 words) and sent to the following email address: semdoc.mesopolhis[at]gmail.com. Each proposal must be accompanied by a brief bibliography and a short biographical note.
Schedule
Call for papers launch → October 6, 2025
Call for papers deadline → November 28, 2025
Notification of acceptance → December 12, 2025
Seminar sessions → From January to June 2026
Selected bibliography
ARJONA Ana, KASFIR Nelson, et MAMPILLY Zachariah (dir.), Rebel Governance in Civil War, Cambridge, Cambridge University Press, 2015.
ASHTON Nigel J. (dir.), The Cold War in the Middle East: regional conflict and the superpowers, 1967-73, Londres/New York, Routledge, 2007.
BADALASSI Nicolas, La France, la guerre froide et la Méditerranée : Des accords d’Évian à la Perestroïka, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2024.
BACZKO Adam, DORRONSORO Gilles, « Pour une approche sociologique des guerres civiles », Revue française de science politique, vol. 67, n° 2, 2017, p. 309-327.
CALANDRI Elena, CAVIGLIA Daniele et VARSORI Antonio, Détente in Cold War Europe: Politics and Diplomacy in the Mediterranean and the Middle East, London, I.B. Tauris, 2016.
FRANCE Pierre, « 8. Des ors de la République et de la main invisible des milices. La banque centrale libanaise pendant la guerre civile », dans GRAJALES Jacobo, LE COURS GRANDMAISON Romain (dir.), L’État malgré tout. Produire l’autorité dans la violence, Paris, Karthala, 2019.
GRAJALES Jacobo, LE COURS GRANDMAISON Romain (dir.), L’État malgré tout. Produire l’autorité dans la violence, Paris, Karthala, 2019.
HIBOU Béatrice (dir.), La privatisation des États, Paris, Karthala, 1999.
POPINEAU Camille, Faire la guerre, faire l’État. Sociohistoire de la rébellion des forces nouvelles de Côte d'Ivoire (1990-2020), thèse de science politique sous la direction de Gilles Dorronsoro et Richard Banégas, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2023.
WESTAD Odd Arne, The Cold War: a world history, New York, Basic Books, 2017.