Séminaire « Monuments et documents de l’Afrique ancienne : recherches en cours en histoire, histoire de l’art et archéologie » (2025-2026)

 Nouvelle-église- Debre-Damo-AUC-Press

Photo : nouvelle église Debre Damo, Éthiopie, Nigel Pavitt, Frédéric Courbet et Justus Mulinge @ The American University in Cairo Press

Séminaire coordonné par Claire Bosc-Tiessé, référente (directrice d’études, EHESS - directrice de recherche, CNRS/IMAF) et Anaïs Wion (directrice de recherche, CNRS/IMAF). Avec la collaboration de Marie-Laure Derat (CNRS/Orient & Méditerranée) et Amélie Chekroun (CNRS/IREMAM).

Périodicité : bimensuel, 1er, 3e, 5e vendredi, de 14h30 à 16h30
Localisation : Campus Condorcet-Centre de colloques, salle 3.08, Aubervilliers
Calendrier : du 21 novembre 2025 au 29 mai 2026

ONTACT : claire.bosc-tiesse[at]ehess.fr ; anais.wion[at]univ-paris1.fr

À retrouver sur le site de l'Imaf et sur néobab

Présentation : ce séminaire teste et confronte hypothèses et méthodes pour montrer comment les sciences humaines et sociales écrivent aujourd’hui le passé de l’Afrique. L’objectif est de présenter et discuter les recherches en cours sur l’Afrique ancienne, entendue dans un sens très large de la préhistoire jusqu’au pré-contemporain, prenant en compte aussi bien les régions au sud du Sahara que celles qui sont au nord. Il s’agit non seulement d’établir une veille sur les tendances actuelles de la recherche mais surtout de voir comment celle-ci peut se faire en situation de pénurie documentaire dans une interdisciplinarité en acte. Ce séminaire permet aussi de mobiliser et rassembler les recherches sur l’Afrique pré-contemporaine pour créer un lieu d’échanges et dynamiser le champ.

Programme

21 novembre 2025
Rahmane Idrissa (Centre des études africaines de l’université de Leyde - Africa Institute de Sharjah, professeur invité EHESS)
« “Un pied ne peut suivre deux chemins” » : du dualisme religio-politique dans l’Empire songhay

À la fin du XVe siècle, Sonni Ali Ber, roi de Gao, conquiert un vaste empire qui s’étendit de Djenné et du Macina jusqu’à à l’actuelle frontière Niger-Bénin. Cet empire songhay, le plus vaste en superficie dans l’histoire de l’Afrique sub-saharienne, était une construction complexe qui dura tout au long du XVIe siècle et fut victime de la première expédition coloniale à l’intérieur de l’Afrique, menée par le Maroc à l’aide de mercenaires espagnols. Cette présentation examinera une caractéristique de cet État qui souligne sa complexité et constitua à certains égards l’une des faiblesses de son régime politique : la fondation de la légitimité royale dans la religion africaine (Sudanic religion) et dans l’islam. On examinera la question au plan général en puisant des exemples dans divers autres États de la bande sahélo-soudanaise avant de se focaliser sur le cas du royaume de Gao et de l’Empire songhay. Des rapprochements seront faits avec la situation actuelle au Sahel.

5 décembre 2025
Raphael Michaeli (Université de Bergen)
« A Textual Archaeology of Mawlid: Manuscripts, Early Print, and Oral Recitations »

Mawlid is practiced extensively along the Swahili coast in small gatherings as well as larger events, with the most famous one being the Lamu Mawlid, which takes place annually during Rabiʿ al-Awwal. The term Mawlid refers to both a text and a religious social event. The text narrates the birth of the Prophet and sets the stage for a gathering of people who celebrate the appearance of Islam through the earthly birth of the Prophet. The presentation will attempt to introduce the history of Mawlid on the Swahili coast during the transition period from manuscript usage to print, utilizing a combination of textual evidence and oral recitations. The textual evidence covers the period from the late 18th century to the gradual adoption of printing in the second half of the 19th century and early 20th century. Oral recitations are supplemented by recordings made during current mawlid readings. What can we learn about textual changes through the performance and practice of the event ? Or what do we observe when comparing Mawlid manuscripts with early prints and recitations ? While some Mawlid traditions were lost in the transition to print, it appears that many poems and segments are preserved through the additional textual units that are continuously used in oral readings

19 décembre 2025
Amélie Chekroun (CNRS, IREMAM) et Simon Dorso (Université Paris 1, ANR ECOMED)
« Le projet InterMedÉ (ANR) : nouvelles investigations à Zayla et sur l’île de Sa‘d al-Dīn (Somaliland) »

16 janvier 2026
Thomas Vernet (Université Paris 1, IMAF)
« Accepter les limites d’un corpus pauvre et ambigu : les sources arabes à propos de la traite des “Zanj” depuis l’Afrique orientale (vers 700-1500) »
 
30 janvier 2026

Martina Ambu (CNRS, TDMAM)
« Une autre histoire du monachisme éthiopien au Moyen Âge : premiers jalons pour une histoire des moniales (XIIIe-XVIe siècles) »

Cette enquête historique propose d’explorer d’une part le rôle des femmes religieuses dans les monastères éthiopiens et d’autre part la sainteté monastique féminine exaltée par les mouvements eustathéen et stéphanite. Installés dans le nord du royaume chrétiens à partir du XIVe siècle, ces mouvements monastiques se distinguaient des autres pour leurs positions doctrinales, ce qui leur valut de nombreuses persécutions de la part des rois éthiopiens. De manière générale, le rôle et la nature du monachisme féminin en Éthiopie à l’époque médiévale demeure un véritable desideratum dans la recherche. Séparées des communautés masculines par un édit promulgué par le roi Sayfa ’Ar‘ad (1344-1371), le répertoire hagiographique et archivistique des Eustathéens et des Stéphanites permet de poser les premiers jalons pour la compréhension des logiques qui sous-tendent les relations hommes-femmes dans les milieux monastiques septentrionaux. Rassemblant des sources hagiographiques masculines et féminines (partiellement publiées) ainsi que de la documentation à caractère doctrinal et canonique émanant du scriptorium royal, cette étude ouvre la porte à de nouvelles pistes d’analyse. D’abord, les moniales rattachées à ces mouvements étaient intégrées dans les monastères masculins jusqu’au milieu du XVe siècle, en dépit de l’édit royal de 1350 qui en ordonnait la séparation. Dans un second temps, les moniales eustathéennes aussi bien que stéphanites s’organisèrent dans un ou plusieurs monastères « miroirs », ou « monastères doubles » rattachés aux couvents masculins correspondants. Enfin, cette étude tente de donner une première définition de l’autorité des abbesses de ces mouvements, en relation à leur filles spirituelles et aux abbés.

6 février 2026
Séance de présentation des travaux des étudiant-es en master

20 février 2026
Abdelhakim Belhacel (Université Paris-Nanterre)
« Relire l'histoire du “sultanat de Zanzibar” au XIXe siècle grâce aux sources arabophones »

6 mars 2026
Ambroise Mukandu (Université Libre de Bruxelles)
« L’ivoire au cœur des réseaux arabo-swahilis en Afrique centrale au XIXe siècle : lecture des archives arabes et swahilies »

Cette présentation s’intéresse au rôle central de l’ivoire dans les réseaux arabo-swahilis actifs en Afrique centrale à la fin du XIXᵉ siècle. À travers les documents arabes et swahilis (en ajami), issus des archives belges et françaises, il est possible de retracer les itinéraires des caravanes et de comprendre les mécanismes d’approvisionnement. Ces textes révèlent également l’organisation interne du commerce, la fixation des prix et les modes de circulation des marchandises. L’ivoire apparaît comme un produit stratégique, convoité non seulement pour sa valeur marchande sur les marchés internationaux, mais aussi comme ressource de prestige et d’influence politique. Les correspondances et contrats étudiés montrent comment les chefs arabo-swahilis négociaient, concluaient des alliances et maintenaient leur domination économique dans la région. L’analyse de ce corpus met ainsi en lumière l’imbrication entre économie, diplomatie et pouvoir local. Elle permet de réévaluer la place de l’Afrique centrale dans les circuits globaux du commerce de l’ivoire, reliant la côte swahilie, le monde arabe et l’Europe.

20 mars 2026
Claire Bosc-Tiessé (CNRS-EHESS, IMAF)
« Programmes peints et sculptés à Lalibela (Éthiopie, XIIe - XXe siècles) : faire de l’histoire à partir des matériaux et des formes »

3 avril 2026
Pierre de Maret (Université Libre de Bruxelles, professeur invité EHESS)
« Le Fameux Royaume de Kongo »

Lorsque les navigateurs portugais abordèrent les côtes du royaume de Kongo en 1482, ils furent très surpris de découvrir un royaume qui rappelait par bien des aspects le leur. Vite convertis au catholicisme, ses souverains apprirent le portugais et le latin. Ils envoyèrent des ambassadeurs auprès de différentes cours, au Brésil, en Europe et même auprès du Pape. Longtemps seul royaume catholique hors d’Europe, il a joui d’une renommée considérable au XVIe et au XVIIe siècles. On dispose ainsi de nombreuses sources écrites pour retracer son histoire. Une recherche interdisciplinaire soutenue par un crédit ERC a permis d’éclairer en partie ses origines et pour les périodes plus récentes, de corroborer et compléter les sources écrites.

17 avril 2026
Catarina Madeira Santos (EHESS, IMAF)
« Reconstituer les archives du royaume du Kongo à partir des archives impériales, XVe-XIXe siècles »

29 mai 2026
Adrian Anagnost (Tulane University, professeure invitée EHESS)
« Framing Benin City: European Visions of Edo Territorialization »