SÉMINAIRES & ATELIERS HORS LES MURS

Ces séminaires de recherche sont co-organisés et co-animés par les chercheurs·euses et enseignant·es-chercheurs·euses de l'IREMAM. Les séminaires sont classés par date de première séance.

Nouvelle-église- Debre-Damo-AUC-Press

Photo : nouvelle église Debre Damo, Éthiopie, Nigel Pavitt, Frédéric Courbet et Justus Mulinge @ The American University in Cairo Press

Référentes : Anaïs Wion (DR CNRS-IMAF) et Claire Bosc-Tiessé (DR, IMAF, EHESS-CNRS).
Co-organisé avec Marie-Laure Derat (CNRS, Orient & Méditerranée) et Amélie Chekroun (CNRS, IREMAM).

Les séances ont lieu le vendredi de 14h30 à 16h30 à l'Humathèque, salle 2-14 (Campus Condorcet - Aubervilliers) et en visioconférence (lien Zoom envoyé sur demande).

Ce séminaire teste et confronte hypothèses et méthodes pour montrer comment les sciences humaines et sociales écrivent aujourd’hui le passé de l’Afrique. L’objectif est de présenter et discuter les recherches en cours sur l’Afrique ancienne, entendue dans un sens très large de la préhistoire jusqu’au pré-contemporain, prenant en compte aussi bien les régions au sud du Sahara que celles qui sont au nord. Il s’agit non seulement d’établir une veille sur les tendances actuelles de la recherche mais surtout de voir comment celle-ci peut se faire en situation de pénurie documentaire dans une interdisciplinarité en acte. Ce séminaire permet aussi de mobiliser et rassembler les recherches sur l’Afrique pré-contemporaine pour créer un lieu d’échanges et dynamiser le champ.

Contacts : anais.wion[at]univ-paris1.fr ; claire.bosc-aesse[at]ehess.fr / À retrouver sur le site de l'Imaf et sur néobab

Programme

Vendredi 8 novembre 2024
Justine Wintjes
(KwaZulu-Natal Museum & Wits University) et Vibeke M. Viestad (University of Oslo, in absentia): " ‘The following Bushman items’ : material culture of the Bleek and Lloyd Collection".

Abstract: At Wits Art Museum (University of the Witwatersrand, Johannesburg, South Africa) is a small collection donated to the former Wits Museum of Ethnology by Prof. Percival Kirby in 1952. The Accession Register describes the items as having been made by ‘the Bushmen’ living with Dr Wilhelm Bleek and his family at Charlton House, Mowbray, Cape Town, in the 1870s and 1880s, and given to Kirby by Bleek’s daughter Dorothea ‘circa 1929’. To assess their provenance, we examine them according to object type – spoon, head ornament, firestick, plaything, arrow and bullroarer – and approach them ‘biographically’, exploring their community origins, their coming into being as specific things, and their journeys from Cape Town to Johannesburg. Their stories point to the existence of a ‘teaching collection’ in the Bleek household comprising items collected from external sources as well as manufactured on site by their |xam and !xun interlocutors. We make the case for these objects as active participants in conversations recorded in the Bleek and Lloyd Collection, recognised by UNESCO as a significant repository of hunter-gatherer memory. Our ‘relocation’, documentation and contextualisation of the Bleek-Kirby collection enables some of the material linkages to be restored, enriching understanding of the archive as a whole, the materiality of its production and the creative agency of the |xam and !xun people within it. The bullroarers in particular reveal some of the affordances of this detailed work, assisted by the ongoing digitisation and digital curation of the archive.

Vendredi 22 novembre 2024
Stéphane Ancel (CNRS, CéSor), « Des Chrétiens éthiopiens à Jérusalem au XVIIIe siècle ? Enjeux mémoriels, historiographiques et méthodologiques »

Résumé : en 1947, l’historien et philologue Enrico Cerulli affirme que la communauté chrétienne éthiopienne a connu une « absence » durant tout le 18e siècle. Cette affirmation contredit alors le discours officiel de l’Eglise orthodoxe d’Éthiopie qui veut que, depuis des temps immémoriaux, les Éthiopiens soient présents à Jérusalem. La contre-attaque s’organise donc, jusqu’à ce que l’historienne Kirsten Pedersen réfute l’affirmation de Cerulli en 1983 grâce un manuscrit éthiopien. Las, l’argumentaire de Pedersen est réfuté également. Enrico Cerulli aurait-il finalement eu raison ?

Cette présentation propose de reprendre la question de la présence des éthiopiens à Jérusalem, car elle reste d’importance, tant elle mêle les enjeux mémoriels et historiographiques et qu’elle conditionne notre vision des périodes suivantes. En effet, doit-on voir le développement des établissements éthiopiens à Jérusalem durant le 19e siècle comme une « réimplantation », comme le suggère l’affirmation de Cerulli, ou bien comme une « revitalisation », comme le pense Pedersen et avec elle l’Eglise orthodoxe d’Éthiopie ? Tout en mettant en lumière les enjeux mémoriels et historiographiques de cette question, cette présentation rend compte d’abord des faiblesses de la démarche de Cerulli comme de celle de Pedersen, notamment en ce qui concerne le traitement des sources : surinterprétation des sources européennes comme éthiopiennes, biais de sources, et absence de contextualisation, autant de la production de l’écrit que dans l’analyse du phénomène, affectent en effet leurs travaux. L’analyse de ses faiblesses amène à repenser la démarche historique et à changer de focale : il est peut-être temps d’arrêter de s’obstiner à cherche la petite phrase dans une source écrite quelconque pour prouver ou non de la présence des Éthiopiens à Jérusalem, et de se poser la question de l’intérêt de l’Éthiopie chrétienne pour Jérusalem au 18e siècle.

Vendredi 13 décembre 2024
Marie-Laure Derat (CNRS, Orient et Méditerranée), « Le projet Sustainable Lalibela et les manuscrits de Lalibela : conserver, numériser et analyser »

Résumé : les églises de Lalibela possèdent chacune une collection de manuscrits dont seule une petite partie est connue grâce aux campagnes de microfilms du projet EMML. Depuis 2020, le projet Sustainable Lalibela (financé par l’AFD et opéré par le CNRS et le CFEE) vise à conserver le site de Lalibela et à le valoriser, tout en formant sur place des professionnels et des usagers à la gestion du patrimoine matériel et immatériel. Dans ce cadre, une attention particulière est portée aux manuscrits. Après une brève présentation du projet Sustainable Lalibela et de ses différentes activités, cette communication s’intéressera à quelques codices qui ont fait l’objet d’analyses (datations au carbone 14 du parchemin). Il s’agira d’en présenter les résultats, croisés avec d’autres analyses (paléographie, histoire de la transmission des textes) et de s’interroger sur la place de Lalibela dans la culture manuscrite éthiopienne antérieure au 13e siècle.

Vendredi 10 janvier 2025
Hadrien Collet (CNRS, IREMAM), « L’Hidāyat al-nafar fī ādāb al-safar, autour d’un manuscrit arabe ouest-africain du musée quai Branly »

Résumé : le musée du quai Branly-Jacques Chirac avait hérité d'un petit fonds de manuscrits arabes ouest-africains (le fonds Réquin) qui a récemment fait l'objet d'un regain d'intérêt après un long oubli. À partir de l'étude de l'un de ses manuscrits, Hidāyat al-nafar fī ādāb al-safar ou Guide des bonnes manières de voyager à l'usage des gens, cette intervention se propose de restituer les étapes de l'enquête historique, philologique et codicologique ayant permis de retrouver l'identité de l'auteur, son environnement intellectuel et le contexte de production d'une œuvre qui avait vocation à éduquer à la religion musulmane en prenant le thème, central dans la région, du voyage. Ce travail permet en retour d'éclairer le fonds Réquin et son origine.

Vendredi 24 janvier 2025
Xavier Luffin (Université Libre de Bruxelles), « Relire l'Histoire coloniale congolaise. L'apport des sources arabes et swahilies »

Jusqu’à présent, l’histoire du Congo à l’époque coloniale s’écrit exclusivement sur base des sources écrites occidentales – voyageurs, administrateurs et missionnaires – et des sources orales locales, souvent récoltées par les mêmes Occidentaux. Or, différents documents en arabe et en swahili ‘ajami, encore très peu exploités par les historiens, offrent un point de vue non-européen sur les échanges commerciaux et politiques de l’époque entre la population locale, les commerçants arabes et swahilis, et les Européens.

Vendredi 7 février 2025
Présentation des travaux des étudiant-es en master (et éventuellement doctorat)

Vendredi 28 février 2025
Ari Awagana (Univ. Leipzig), «Travaux en cours sur les gloses en Kanembu Ancien dans le cadre de l’ErC LangArchives »

Vendredi 14 mars 2025
Jacques Aymeric Nsangou (Université du Manitoba ; I Taq, Florence), « Résister à la traite atlantique et à la colonisation : les fortifications endogènes de la Sénégambie à travers le temps »

Vendredi 28 mars 2025
Alessandro Gori (Univ. Copenhagen), « Listes de la noblesse et listes du pouvoir : généalogies familières (nasab), listes dynasaques et réseaux de connexions entre la Corne d’Afrique et le monde islamique »

L’intervention traitera du genre littéraire et documentaire arabo-islamique des listes généalogiques (ansāb) et de leur fonction de légitimation. Connectant un groupe humain avec des ancêtres nobles proches au Prophète Muḥammad, le nasab possède une très grand force symbolique qui devient source de prestige et de pouvoir. Pendant la présentation, des documents inédits seront présentés et discutés dans le but de créer un cadre analytique plus clair où les différents enjeux des ansāb islamique de la Corne d’Afrique peuvent être mieux compris et évalués.

Vendredi 11 avril 2025, attention, changement d’heure et de lieu : 15h-17h, INHA, salle Démargne, Paris
Felicity Bodenstein (Sorbonne Université) : présentation du projet Digital Benin (séance conjointe à l’INHA).

L’objectif principal du projet Digital Benin est de fournir un accès complet à l’information sur le patrimoine culturel du Bénin qui a été dispersé dans le monde entier, en particulier à la suite de la campagne militaire britannique de 1897. L’accès physique à ces objets étant fragmenté et les connaissances à leur sujet complexes et dispersées dans de nombreuses institutions, Digital Benin agrège les métadonnées associées à ces artefacts provenant de diverses collections muséales à travers le monde. Le projet crée ainsi une ressource numérique centrale qui dépasse les limites des catalogues de musées individuels, rédigés dans des langues différentes et utilisant des fonctionnalités de recherche hétérogènes. Surtout Digital Benin veut aller au-delà de la simple liste d’objets. Le projet s’efforce donc de recontextualiser et de commenter les métadonnées générées par les musées. Les cartels des musées et les descriptions institutionnelles présentent une perspective apparemment objective mais en réalité limitée et parfois biaisée. Digital Benin veut enrichir ces informations. Il fournit des outils et des méthodologies pour l’appropriation et l’utilisation de ces métadonnées comme fil conducteur pour reconstruire numériquement des « collections » qui transcendent les frontières institutionnelles et propose une vision plus holistique de ce patrimoine.

Vendredi 23 mai 2025
Clélia Coret (CNRS, IMAF), « Africaniser la linguistique missionnaire. Sources et méthodes pour une histoire sociale des savoirs linguistiques sur la côte est-africaine (fin XIXe-début XXe siècles) »

Contrairement à d’autres régions en Afrique de l’Est, l’histoire des anciens esclaves sur la côte kenyane a largement été documentée, depuis leur participation à l’économie coloniale (Cooper 1980), leur intégration dans des groupes locaux (Willis 1993), jusqu’à la question des revendications politiques des descendants d’esclaves dans le Kenya postcolonial (Ballarin 2015, Kiriama 2022). Mais les anciens esclaves et leurs descendants sont généralement perçus comme un groupe en apparence homogène, alors qu’ils ont connu des trajectoires très diverses, liées aux conditions de leurs sorties de l’esclavage. Ainsi, la religion, le genre, le contexte socio-économique, le lieu de vie, l’intégration locale ou non, constituent un ensemble de paramètres qui déterminent des parcours individuels et collectifs variés. Cette communication vise à réfléchir à cette diversité et à l’articuler avec les manières dont le passé lié à l’esclavage est aujourd’hui interprété par ces descendants d’esclaves. Un corpus de sources écrites (archives coloniales, sources missionnaires) et des entretiens menés en 2021-2022 dans la région montrent quelles voies ont été possibles pour sortir de l’esclavage. Certains esclaves « libérés », en devenant chrétien et en intégrant les populations locales, ont vu s’éloigner le stigmate du statut d’esclave et ont « oublié » leurs origines. Mais comment cette intégration a-t-elle concrètement fonctionné et a-t-elle été « complète » ? Par ailleurs, si des esclaves marrons ont connu des trajectoires similaires à la fin du XIXe siècle, le marronnage semble avoir construit d’autres discours sur le passé. Finalement, l’abolition légale de l’esclavage en 1907 a souvent laissé la grande majorité des esclaves là où ils se trouvaient – à proximité de leurs anciens maîtres – ce qui a contribué à les maintenir dans des hiérarchies sociales et raciales toujours à l’œuvre aujourd’hui. Les trajectoires et les récits sur le passé sont étudiés conjointement dans cette communication pour révéler la pluralité de l’héritage de l’esclavage sur la côte du Kenya.

Vendredi 13 juin 2025
Robin Seignobos (Université Lyon II), « Une tribu entre deux mondes : vers une nouvelle histoire des Banū al-Kanz d'Assouan (Égypte islamique et Nubie chrétienne, IXe-XVe s.) »

 Photo © Fonds Désiré Sic, militaire français au Maroc entre 1912 et 1933.

Photo © Fonds Désiré Sic, militaire français au Maroc entre 1912 et 1933.

Co-organisé par :
Analyse comparée des pouvoirs (ACP, Marne-la-Vallée)
Archives nationales d’outre-mer (ANOM, Aix)
Centre d'Études de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS, Paris)
Institut des mondes africains (IMAf, Aix)
Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (IREMAM, Aix)
Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA, Lyon) 

Présentation de l’atelier

Bien qu’elles ne soient pas toujours revendiquées ainsi, les « études coloniales » forment un champ particulièrement dynamique et foisonnant. La définition et la place du « colonial » ne cessent d’être discutées et débattues, en histoire comme dans d’autres sciences sociales. Parallèlement, pour approfondir et dépasser cet horizon, les axes de recherche privilégiés se spécialisent de plus en plus, en formant de nouveaux sous-champs qui associent, par exemple, le fait colonial à l’histoire du droit, aux études de genre, aux services techniques de l’État, à l’environnement, etc. Aussi nous paraît-il utile d’en proposer régulièrement un état des lieux, d’exposer certaines des pistes empruntées dans les recherches en cours. Cet atelier est ouvert à tous les chercheurs intéressés, en particulier à ceux de passage aux Archives nationales d’outre-mer (ANOM) où se tiendront les séances. Il prendra la forme d’interventions d’historiens, d’anthropologues ou de sociologues, sur la base de lectures proposées en amont d’archives ou d’écrits scientifiques (parus / en cours de rédaction). La discussion sera privilégiée dans un second temps.

Les séances se déroulent en présentiel à la MMSH (Aix-en-Provence) en salle A219 et en visioconférence.

Contacts pour le lien zoom :
Didier Guignard (IREMAM, Aix), didier.guignard[at]univ-amu.fr
Thierry Guillopé (LARHRA, Marne-la-Vallée), thierry.guillope[at]gmail.com
Julie Marquet (HLLI / CEIAS), julie.marquet7[at]gmail.com
Antonin Plarier (Lyon 3), antonin.plarier[at]gmail.com
Florence Renucci (IMAf, Aix), florence.renucci[at]univ-amu.fr

PROGRAMME

Lundi 13 janvier 2025, 10h-12h, uniquement en visioconférence.
Davide Leconte (Université Le Havre-Normandie), "Une comparaison de l'interdiction de l'émigration indienne vers les Mascareignes en 1839 et de son abolition (1839-1848)". 

Lundi 24 février 2025, 10h-12h, MMSH, salle A219 et en visioconférence.
Samuel André (Université Panthéon-Sorbonne), "Les hommes des unités territoriales en Algérie : servir ou se saisir d'un dispositif militaire original ?".

Lundi 17 mars 2025, 10h-12h, uniquement en visioconférence.
Marine Bellot-Gurlet (ENS Lyon), "Quelles pistes pour une analyse quantitative de la répression judiciaire au Cameroun (1955-1960) ?". 

Lundi 28 avril 2025, 10h-12h, MMSH, salle A219 et en visioconférence.
Hugo Vermeren (Aix-Marseille Université), "Relire l'histoire coloniale depuis la mer (Maghreb, XIXe-XXIe siècles)".

Lundi 12 mai 2025, 10h-12h, MMSH, salle A219 et en visioconférence.
David Gilles (Université de Sherbrooke), "Étudier l'empowerment des femmes entrepreneures : archives, méthodologie, idéologie en recherche d'histoire du droit comparée (Amérique du Nord et Antilles, XVIIe - XIXe siècles)". 

Lundi 16 juin 2025, 10h-12h, MMSH, salle A219 et en visioconférence.
Xavier Huetz de Lemps (Université Côte d’Azur), "Actualité de la recherche sur une double colonisation : les Philippines des années 1810 aux années 1930".